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Carl Gustav Jung et le dossier OVNI

Le 14/07/2024

Si le sujet est éloigné de celui de l'astrologie, le support récréatif du blog permet d'élargir notre vision des choses à des considérations subordonnées au sujet de fond, à savoir la pensée philosophique de l'auteur. Ici, le rapport est avec Carl Gustav Jung, et la pensée fondamentale et symbolique sur laquelle s'appuie Dane Rudhyar, à savoir la psychologie des Profondeurs. Comprendre la pensée de Rudhyar est impossible sans les sujets philosophique et psychologique.

C.G Jung s'est penché sur le dossier extraterrestre, sujet délicat et glissant pour un scientifique tant est grand le risque de se voir déconsidérer par le monde scientifique du fait de cette approche, en tous cas au moment ou l'ouvrage est publié ( " un mythe moderne", traduit en France en 1961 )
De nos jours les choses ont évolué, mais il est intéressant de constater que cette progression ne s'est pas effectuée dans le sens analytique posé par Jung. Et c'est bien dommage, car l'approche est le premier point cardinal qui pose sa hauteur de vue, et constitue un point commun essentiel avec Rudhyar.

A savoir que Jung ne cherche pas à entrer dans le débat courant de déterminer ce que sont les manifestations observées, ni de poser un jugement ou une analyse des différentes positions existantes quant au bien-fondé ou non des convictions afférentes aux manifestations extraterrestres. Il considère le sujet comme un outil d'analyse. Le sujet existe, et en tant que psychologue il n'est pas qualifié pour dire ce que sont ces manifestations. Il les prend telles quelles parce que, vraies ou fausses, hallucinations ou faits réels n'est pas le sujet. C'est un phénomène mondial de l'Humanité parce que des humains en grand nombre en témoignent et le considèrent signifiant, point. Par conséquent son rôle commence avec l'analyse de ce que signifie dans le psychisme collectif de l'Humanité cet ensemble de phénomènes.
Cette démarche est très intéressante car elle représente, en quelque sorte et par analogie, une posture neutre et au-dessus des partis-pris, des prises de positions et des clivages sur le sujet. En quelque sorte, cette position est un peu, d'une manière symbolique, celle d'une « troisième Loge » telle que prônée par un ensemble de doctrines spiritualistes à travers le globe. « Au-dessus du Bien et du Mal existe une troisième Loge », nous disent les spiritualistes.

L'ouvrage faisant quelques 300 pages, le but n'est pas d'en présenter un résumé, ni complet ni même partiel, mais quelques points-clés visant à mettre en avant une manière originale et novatrice d'aborder le sujet en tant que phénomène psychologique, ce qui ne renie en rien l'existence du phénomène. Rudhyar utilise le même raisonnement, il se pose en observateur de l'Humanité afin de déduire, sans parti-pris, ce que signifie l’apparition et/ou la disparation de telle ou telle chose, de tel ou tel raisonnement, théorie, doctrine ou autres dans l'inconscience collective et le psychisme de l'Humanité.

Voici donc quelques points, quelques exemples, qui, je l'espère, aiguiseront la curiosité du lecteur avide de comprendre son propre fonctionnement psychologique et le goût d'aller chercher, peut-être, plus avant la lecture de C.G Jung, en plus de celle de Dane Rudhyar :

- Jung renverse la considération stricte et conformiste des témoignages fiables : d'une part des témoignages de pilotes de chasse, de ligne, sont reçus comme tel car ces personnes sont psychologiquement très stables, fiables et équilibrées. Leurs témoignages sont donc pris au sérieux. D'autre part, des gens plus communs mais, par leur éloignement du sujet, l'absence d’intérêt pour lui, voire leur rejet, amène à conclure à l'absence de croyances aveugles ou d'émerveillement béat et plus ou moins farfelu et les rend crédibles.
Pour tous ceux-là, Jung nous dit ceci : si ces témoignages sont sérieux, d'un point de vue psychologique ils sont justement les plus à même d'être l'objet de visions ( que Jung distingue de l'hallucination par le caractère non maladif de l'état de la personne ) car cette personne étant rationnelle et cohérente ainsi que loin des sujets ovnis, le contenu subjectif inconscient, archétypique et sous-jacent au symbolisme afférent au sujet est totalement enfoui dans l'inconscient collectif de la personne, en lien avec l'histoire de la psychologie humaine multi millénaire.
Leur inconscient est donc en position de développer une forte énergie pour faire surgir ce contenu dans le conscient, surtout dans une période troublée, tendue et inquiétante telle que celle que traverse actuellement notre humanité. Cela apparaît alors par ces visions ( ce terme, je le répète, n'implique aucune considération de l'existence réelle ou non du phénomène, mais sous-entend plutôt une sensibilisation à la perception en question )
A contrario, une personne passionnée du sujet, souvent ignorée et considérée plus ou moins farfelue, elle, a pensé, réfléchi, s'est informée de l'actualité du sujet ovni et a donc, sans s'en rendre compte, fait surgir en elle, et ainsi objectivé, ce contenu subjectif inconscient dans sa conscience.
C'est pourquoi c'est donc rarement elle qui sera un témoin oculaire direct d'un phénomène ovni extraterrestre. Elle a, en quelque sorte, « dégonflé le ballon », si je peux le dire ainsi, des tensions psychologiques en lien dans son inconscient collectif.

- Autre point intéressant : les archétypes. Il représentent une catégorie de symboles caractérisés par une nature intemporelle. Ils existent et apparaissent dans l'Humanité quels que soit la culture, la civilisation, les croyances et les niveaux de développement. Ils apparaissent même en l'absence de tout cela, ils ont une existence autonome et indépendante de toute spécificité collective humaine.
Ainsi, Jung prend l'exemple de la sphère, en lien avec certaines catégories de visions ovni lumineuses par leur forme ronde, les soucoupes volantes. Symbole de la Totalité, de l'harmonie et d'un Ensemble cohérent et intégré, appelé un « Tout », la sphère apparaît comme symbole dans toutes les cultures et à toutes les époques de l'Humanité qui resurgit même en l'absence de liens de connaissance historique d'une civilisation à une autre. Aussi bien, chez l'adulte que chez l'enfant, ce symbole se manifeste à nouveau dans ces visions extraterrestres et traduit, selon Jung, une autre expression humaine d'une projection inconsciente dans le conscient, liée à une recherche de ré-équilibrage d'un psychisme inconscient humain perturbé par une immense somme de tensions collectives.

Jung relie le concept de synchronicités, qui à l'origine était pressenti par lui comme une dénomination temporaire, aux archétypes par le concept de transgressivité. Ce concept signifie que l'archétype se manifeste, le cas échéant, comme s'il appartenait aussi bien à la société qu'à l'individu. C'est pour cela qu'ils sont aisément contagieux et que cette transgressivité détermine des coincidences chargées de sens, soit des phénomènes synchroniques et acausaux. Jung s'appuie ici sur les travaux de Rhine concernant les perceptions extra-sensorielles. Il est ainsi,  et au passage, très dommage de constater ques les propos des scientifiques s'adressant au grand public afin de, très généralement, rejeter voire ignorer Jung ( voir notre article "Psychanalyse : plus une science ?") ,  et en l'occurence les synchronicités par des postures d'autorité, n'aillent pas au fond de ce raisonnement  en se targuant d'une posture paternaliste et spoliatrice du bon sens commun dont je reste persuadé que nous sommes tous, quoiqu'en disent ces scientifiques zélés et fiers d'être, eux, "analysés", pourvus correctement lorsque nous ne sommes pas pris pour des imbéciles incultes ... bref .


- Le contexte d'une fin de millénaire : nous sommes dans le contexte de la fin du deuxième millénaire de notre ère. Même si aujourd'hui nous l'avons entamé, le passage de l'un à l'autre est progressif, et les effets de cette fin se feront encore sentir un certain temps.
Jung établi un parallèle comparatif avec la fin du premier millénaire de notre ère. C'est pour l'Humanité une période d'angoisse, mais une des différences majeures entre les deux est que la fin du premier, il y a mille ans, s'est déroulé dans un contexte ou la religion était à son apogée, et la peur était alors essentiellement métaphysique.
De nos jours, ou les croyances religieuses se sont très affaiblies, l'aspect métaphysique s'est transmué en aspect technique, mais, dans sa soucoupe volante détachée de l'effet de gravité ( aspect métaphysique ) et de forme ronde ( liée au symbole de la sphère ) l'extraterrestre incarne la personnification métaphysique d'un être supérieur pressenti comme celui qui apportera un ordre nouveau et, au fond, appelé via l'angoisse de l'insécurité liée aux tensions internationales.
Le fondement archétypal est le même, dans un autre contexte. En un sens, le dieu des anciens, avec son pouvoir terrifiant et inopposable sur les humains,  est remplacé par l'extraterrestre qui, lui aussi dans cette version moderne, et puisqu'il a été capable de venir jusqu'à nous, a pouvoir de vie et de mort sur nous à son gré. Mais c'est dorénavant par l'intermédiaire d'une technologie idéalisée et phantasmée comme un pouvoir inégalable, soit "la main de Dieu"

Je m'arrête ici pour les exemples, car je dois avouer que cet article, déjà long me semble-t-il, est écrit alors que je n'ai pas encore terminé la lecture de l'ouvrage. La pertinence et l'originalité de cette approche me porte à me précipiter d'écrire cela, peut-être le modifierai-je d'ici la fin de cette lecture grâce aux surprises passionnantes de cette étude, mais il m'importait déjà de transmettre ceci.