Exemples du symbolisme humaniste

Comment comprendre la désuétude d'un symbole et la nécessité de son renouvellement

Ainsi, même s'il est aisé d'appréhender, par exemple, Saturne à travers son contenu symbolique traditionnel hérité de l'Antiquité, ce n'est plus pour personne un dieu dans une des sphères célestes au-dessus d'une Terre plate, et bordée par un océan extérieur dont les limites sont protégées par des monstres inconnus et effrayants.
De même l'image antique d'une Saturne loin de nous comme l'ermite vivant loin dans la montagne n'est plus pertinente à une époque où l'on observe avec nos téléscopes modernes les confins de l'Univers, des galaxies à des milliers d'années-lumière.
Saturne de nos jours est, dans ce cadre, devenue toute proche comparée à l'immensité que nous pouvons observer grâce à nos technologies. Exactement de la même manière que l'autre bout de la planète n'est plus pour nous qu'à quelques clics de souris et quelques fractions de secondes de communication quand un voyage à l'époque antique était, même dans les limites de notre continent européen, une aventure si risquée que l'on n'était pas sûr de voir revenir le voyageur un jour.

D'autant que, par ailleurs, l'ermite moderne n'est plus le sage exilé loin dans la montagne mais plutôt l'exclu chômeur ou marginal qui vit, au contraire, à coté de nous; sur le même palier ou dans les ruines de l'usine à quelques pas de nous.
Et la différence de qualité entre l'image du sage méditant et celle du chômeur ou du marginal moderne, si elle représente une perte de qualité de l'énergie et des fonctions associées au symbole saturnien,  n'est pas en soi du ressort du langage astrologique.
Ce dernier décrit des processus, mais ne peut en aucun cas définir la nature et la qualité, positive ou négative, du développement d'un  processus. Rudhyar insiste longuement sur cette limite et les amalgames et atermoiements  d'autres types d'astrologie, liés entre autres à des fondements insuffisants. Il nous dit pourquoi, par exemple, un thème astral ne pourra jamais dire s'il décrit un être humain, un chien, ou un projet de construction. Il nous dit le sens de ce que nous avons vécu, ou de ce que nous vivons ou aurons  à vivre, et le lien entre passé, présent et avenir, mais pas la nature des évènements ni la qualité de la réponse que nous leur apporterons.

Cela dit, pour revenir à notre exemple de Saturne,  il importe de comprendre de cela que la limite de notre être, individuel ou collectif, n'est plus un territoire insondable, nous pouvons l'appréhender, la percevoir et l'approcher.
C'est cela qui doit être observé pour fonder un symbolisme : le réel.

Ce qui est pertinent pour nous aujourd'hui, tel que nous l'explique Rudhyar, c'est que l'orbite de Saturne est la limite des champs électromagnétiques solaires, qui y font demi-tour pour revenir à leur source en créant ainsi le cycle solaire bien connu de 11 ans.
L'orbite de Saturne est donc le symbole astrologique signifiant de l'égo, par cette limite individualisante et protectrice de notre système liée à la circulation du champs solaire d'énergie contre les diverses ondes et objets de l'espace sidéral. Ego au sens psychanalytique.
En effet, l'égo est la limite protectrice de la personnalité qui distingue l'être individuel du Tout indifférencié, et nous permet de développer la conscience.

Autre exemple, dans la légende de Prométhée, si ce dernier doit être punit en se faisant dévorer le foie de manière répétitive, c'est parce qu'à l'époque, les humains pensaient le foie comme le siège des émotions... On peut le comprendre, mais quelqu'un le vit-il encore ainsi de nos jours ? Non, bien sûr.

Il convient donc de distinguer ce qui tient de l'explication destinée à mettre en lumière un principe, un fondement ou un concept intellectuel et peut utiliser à ces fins les savoirs anciens de l'Humanité résultant de l'accumulation de son expérience, notamment et entre autres sous la forme des anciens mythes, et ce qui tient du symbole, qui  doit être fondé sur le réel, et s'adresser à l'ensemble du psychisme humain, et pas seulement à son intellect.

"Que sont les symboles ?" demande Rudhyar dans "L'astrologie de la Personnalité" page 69.
Un symbole est un vecteur de communication dont la logique n'est pas intellectuelle, pas analytique ni scientifique mais à l'opposé, intuitive. L'intuition est un moyen de connaissance holistique, ( que Spinoza considère comme "la forme suprême de la connaissance" ) ce qui signifie qu'elle permet de communiquer la nature et la qualité d'un ensemble non divisible en ses parts grâce à l'identification d'un tout à un autre tout. Le tout qui ressent l'intuition assimile un autre tout à une qualité déjà présente dans son inconscient. L'assimilation se produit par le jaillissement hors de son inconscient de cette qualité qu'il reconnait dans le tout dont il fait l'expérience.
Ainsi nous avons l'intuition d'honnêteté chez une personne : nous réalisons l'identité entre la qualité ressentie et la personne. Cela s'appelle la logique holistique. C'est un mode de connaissance sérieux, décrié jusqu'à la censure criarde et la spoliation rieuse dans cette fin de cycle civilisationnel dégénéré, mais pourtant bien un mode de connaissance de l'esprit humain.
Et, pour être ici plus léger et anticipatif d'une certaine "lourdeur matérialiste", cela est à distinguer du "délit de faciès" et du préjugé courant fondés sur des stéréotypes socioculturels acquis qui n'ont rien à voir.
Rudhyar nous explique que "nul symbole n'est évocateur pour qui n'a pas éprouvé "l'ensemble dynamique" qu'il décrit. (...) Plus l'expérience est reléguée, moins le symbole est pertinent car plus il perd de sa vertu évocatrice."
Cela revient à dire que celui qui ne sait pas ce qu'est un tigre, n'en a même jamais vu en image, ne peut en ressentir la force intrinsèque ainsi que la fascination et/ou la peur qu'il engendre.

C'est ainsi que le symbolisme traditionnel n'est plus signifiant pour notre psychisme. Il ne s'agit pas de renier notre passé ou le modifier, mais c'est  ainsi  que l'auteur défend la nécessité considérée de renouveler le langage symbolique afin de l'adapter, sans bien sûr perdre l'essence spirituelle de son contenu, au psychisme de l'Homme contemporain, afin de maintenir la richesse de ce langage vivante et active pour notre conscience, tel qu'expliqué par Carl Gustav JUNG.

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