DESTINS DE FEMMES : FRANCES FARMER, la réalité d'Hollywood et des noirceurs humaines
Le 19/08/2025
Nous lançons ici une nouvelle série d'articles : destins de femmes. Aujourd'hui, nous parlerons de Frances Farmer. Quand je pense au drame de la vie de cette femme, aux souffrances qu'a du subir cet être humain, et surtout pour quelles raisons a-t-elle subi ces choses, je me scandalise, je me brutalise, je me souffre ...
« J'ai été agressée par des infirmiers,
rongée par des rats,
empoisonnée par de la nourriture contaminée,
enchaînée dans des cellules capitonnées,
attachée dans des camisoles de force,
à moitié noyée dans des bains de glace »
Frances Farmer
Introduction
Pardonnez-moi, mais j'ai envie dans cet article, de m'accorder une révolte personnelle. J'ai envie d'être scandaleux, j'ai envie de vous brutaliser, de vous malmener. N'avez-vous jamais eu envie de secouer, de mettre à terre quelqu'un que vous ne pouviez pas contester socialement ?
Quand je pense au drame de la vie de cette femme, aux souffrances qu'a du subir cet être humain, et surtout pour quelles raisons a-t-elle subi ces choses, je me scandalise, je me brutalise, je me souffre et j'ai envie, peut-être par instinct de survie, peut être par une insupportable pulsion, de vouloir révéler ce qui est tu par d’impardonnables conventions sociales, de poser quelques bombes émotionnelles dans la tête de ceux qui neutralisent leur humanité, leur sensibilité à des fins de réussite sociale, de conventions morales ou juste par simple naïveté, ignorance.
Quand je pense à ce destin, je suis en colère, je suis triste aussi, je suis scandalisé de ce que l'on en ait pas parlé plus. Le sujet est, plus largement que celui de Frances Farmer, celui d'une industrie basée sur une exploitation en chaîne d'un type humain.
Et, étrangement, la seule personne par laquelle j'ai eu connaissance de cette affaire, est quelqu'un dont on n'attend pas de recevoir des informations de cet ordre.
Kurt Cobain, le chanteur du groupe grunge des années 90' Nirvana, est un jeune homme très perturbé, même défait et détruit dans son psychisme. L'hypersensibilité ravagée par la drogue, un corps épuisé de ses excès, une souffrance sans fin. ( il semblerait d'ailleurs que son suicide soit dû à des souffrances d'estomac devenues intolérables, et liées à la consommation de drogue, souffrances que plus rien n'arrêtait, même plus les médicaments à la morphine, qui par ailleurs induisaient par eux-mêmes un piège terriblement vicieux ) Il n'est pas de ce genre d'être de ceux à priori que l'on attend ou par lesquels on cherche une prise de conscience. Et pourtant, cela peut aussi se produire par là.
Kurt Cobain est la première et la seule personne qui m'a permis de savoir qu'il y eu un jour une femme appelée Frances Farmer, qui vécut un drame inacceptable. Sa sensibilité a permis de garder la mémoire de l'histoire de cette femme. J'aimerais que ceci ne soit pas un sujet spécialement féministe, ni androgyne.
Frances Farmer, née le 19 Septembre 1913 à 4h45, à Seattle ( Washington, USA )
Le contexte est le milieu artistique et cinématographique de la première moitié du 20ème siècle aux États-Unis. Pourrait-on dire que, certainement, c'est encore un sujet de nos jours, mais je resterai centré autour de l'époque de la vie de France Farmer, dont la période de sa carrière au cinéma est malheureusement assez vite terminée. Les conditions dramatiques dans lesquelles elle s'épuise amène à une deuxième partie de vie centrée sur les conséquences de sa spoliation, et des tortures qu'elle a subies.
Ce monde du cinéma, vous l'aurez compris, c'est Hollywood. Et loin des images et des clichés, c'est un monde dominé par les hommes. Dominé n'est pas un vain mot car tous les clichés que ce mot peut comporter semblent présents. La colonisation européenne de ce continent nord-américain est connu pour ses vagues d'immigrants irlandais, italiens, anglais, mais au-delà encore il est un type dont la présence est peut-être sous-estimée dans cette histoire : le type allemand. Très présent aux États-Unis, le cinéma Hollywoodien et les fantasmes masculins dont les pulsions excessives et les vices sont polarisés par un puritanisme fort, pour ne pas dire brutal et sous un certain angle souvent aussi, faut-il l'avouer, plutôt ridicule, ont conduit à la recherche du type de beauté féminine porté aux nues dans ce contexte : la blonde platine. Jusqu'à une production industrielle, les quelques égéries dont nous connaissons les plus populaires représentantes ( Jean Harlow, Marylin Monroe …) sont la partie émergée de l'iceberg ; mais en-dessous, une tyrannique et froide industrie prospecte, collecte, trie, garde et rejette les femmes comme n'importe quelle industrie fait de même avec n'importe quelle matière première exploitée. Nous connaissons déjà le drame de la vie de cette charmante et, malgré l'image de sotte que les hommes ont voulu lui coller, intelligente et agréable femme que fut Marilyn, au-delà de ses comportements traumatiques.
Frances Farmer est le type même de la beauté germanique. Elle percera grâce à cette image. Ainsi présentée, voyons à présent son thème natal présenté ci-dessus.
Son thème natal
Voici ce que l'on appelle un signe pur : le Soleil et l'ascendant sont dans le même signe, ici la Vierge. Ce qui revient à dire que le Soleil est en maison 1. ( dans ce cas précis, car si le Soleil est juste avant l’ascendant, il sera en maison 12, quel que soit le signe)
Nous voyons tout de suite la configuration générale de ce thème. L'ensemble des planètes est compris dans un sesqui-carré décroissant ( 135°) entre la Lune et la conjonction supérieure séparative du Soleil avec Mercure ( Ce qui définit alors, selon les termes posés par Rudhyar, que Mercure est dit Épiméthée ). Cet ensemble large est focalisé par un aspect décroissant, inférieur à 30°, de Jupiter et Uranusà l'opposé du zodiaque. Le mi-point, ou point d'équilibre, de ce sesqui-carré se situe précisément au milieu du signe du Cancer, sur la cuspide de la maison 11. Le point opposé est donc le milieu du Capricorne, à proximité de Jupiter qui subit donc la plus grande partie de la charge de devoir équilibrer par son contrepoids l'ensemble large de tout le restant du thème. Uranus participe toutefois beaucoup par son opposition à Neptune, à une quinzaine de degrés de ce centre d'équilibre. L'ensemble forme également un quadrilatère composé d'un trigone, Soleil-Mercure décroissant sur Uranus, dont chacun de ces deux points est en carré avec la Lune pour Uranus et la terrible conjonction Mars-Pluton pour Soleil-Mercure, qui par ailleurs forme un sextile croissant avec Neptune . L'axe des Nœuds de la Lune sur l'axe des maisons 7 et 1 (Noeud Nord -Noeud Sud) confère un rôle important à cette conjonction de Soleil et Mercure qui se trouve sur le Sud.
La difficulté à exprimer des sentiments est compensée par des pulsions émotionnelles fortes, même brutales. Tout l'enjeu du défi karmique posé par le nœud nord d'un travail sur la relation interpersonnelle qui doit opérer par une certaine dissolution, une mise sous silence des émotions perturbatrices qui risquent d'être impliquées par des relations professionnelles complexes. Elle s'enferme dans ce qui constitue pour l'âme un scénario répétitif, qui devient négatif et empêche d'évoluer si l'âme se complaît à ne pas, ou refuse de sortir de ces marasmes émotionnels qui la font tourner en rond dans ses rancœurs intimes. D'autant que cette personnalité, si la Vierge tend à une volonté et un élan vital orientés vers un travail sur soi et un dévouement profond à une cause choisie, peut exprimer de manière percutante et provocante ses sentiments, d'où les tensions relationnelles.
Sa vie
Frances Farmer est née d'un père avocat, et d'une mère dominatrice, très violente et militante. Adolescente déjà, elle refuse le conformisme, et remporte en 1933 un concours de rédaction, organisé par un journal communiste, avec un article intitulé « Dieu meurt » … ce qui est effectivement plus que provocant, comme une attitude dangereuse pour elle-même, dans une Amérique tendant à la chasse paranoïaque du communisme. Elle apprend ainsi à devenir une paria, s'endurcit et acquiert un sens particulier du défi. Elle a envie de s'échapper de cet environnement. Elle apprend ainsi dans cette adolescence la débauche, à causer politique et à faire du théatre. Le prix de ce concours gagné fut un voyage en Russie, mais elle préfère Manhattan, et va à New-York.
Elle arrive ensuite à Los Angeles à 22 ans, et décroche un premier contrat chez Paramount. Elle est actrice. Mais l'artificialité de cette vie ne convient pas à son tempérament. Elle se rebelle contre son remplaçant. Son entourage murmure contre elle, ses manières rustiques et sa nature rebelle heurtent ce monde masculin intolérant, puritain et brutal à l'encontre de femmes qu'il ne voit que soumises au rôle qu'il leur donne.
En 1937, deux ans plus tard, elle abandonne donc Hollywood, rompt son contrat et retourne à New-York. Là, elle va connaître un épanouissement dans son métier. Elle vit une romance avec le directeur de la troupe à laquelle elle appartient, appelé Odet. Mais cette troupe part pour Londres en 1940. Frances ne peut pas les suivre, Odet la largue. Le cœur brisé, elle retourne à Hollywood, mais Hollywood ne l'a pas oubliée, et Hollywood a la rancune tenace, méchante et vicieuse.
C'est le point de départ d'une spirale descendante qui la mènera profondément dans un chaos interminable. Ne lui sont donné que des rôles dégradants, humiliants. Ils veulent se venger de ces affronts, ils veulent la détruire. Ils y parviendront …
En 1942, elle est arrêtée pour une conduite en état d'ivresse qui, même si elle a des manières gaillardes de soudard de taverne glauque, semble malgré tout un complot pour la piéger. Condamnée à du sursis, une amende et une obligation d'arrêt de l'alcool, elle refuse cette condamnation, par une révolte qui, même si ses habitudes de vie sont plutôt bravaches, reste fondée sur la perception de cet acharnement contre elle. Mais là est la difficulté pour elle, comment concevoir l'aspect positif d'arrêter l'alcool quand cet arrêt est imposé dans un contexte d'acharnement contre elle ? N'y a-t-il pas là l'expression du vice, de lui imposer quelque chose dont on peut présumer qu'elle ne l'acceptera pas ainsi, pour se servir de cette résistance en lui imposant de voir son vice comme une arme de révolte, pour pouvoir mieux lui reprocher ?
Elle est alors ensuite condamnée une autre fois, elle va être plusieurs fois internée de force, et vivre l'enfer. Après un premier internement de trois mois, sa mère obtient de récupérer la tutelle de Frances et va se battre pour la faire ré-interner, deux fois dans les six années qui vont suivre. La plus longue période d'internement, de 1946 à 1950, est celle où elle va connaître toutes les tortures qu'elle a décrites. Elle est violée tous les jours, et beaucoup de personnes, hommes et femmes, qui ont une image de gens parfaitement corrects dans l'entourage et le monde professionnel du cinéma, vont se rendre régulièrement à l'hôpital pour participer à ces viols. Les personnels de l'établissement, eux aussi. Ils seront même là pour la maintenir pendant ces tortures.
Ne pas parler, ne pas dévoiler toutes ces horreurs parce qu'elles sont trop immondes est, et reste encore de nos jours, un crime en soi. Fermer les yeux et se taire pour ne pas être sali, touché, affecté, pour ne pas introduire dans ses propres relations, ou pour ne pas avoir à regarder des choses trop négatives, trop sales, est coupable.
Ces horreurs sont là, et elles sont commises par des personnes qui sont ceux-là même qui se prévalent d'être au-dessus de ça lorsqu'ils sont à la lumière du monde et de la société des bien-pensants.
En 1968, Frances reçoit une avance de 3500 dollars pour écrire son autobiographie, mais elle est trop abimée. Sa mémoire est défaillante, ses souvenirs confus. On a aussi testé de nouvelles drogues, de nouveaux médicaments sur elle pendant cet internement. Comment demander à cette femme de revenir sur de telles choses, de revivre un tel passé alors même qu'il n'est justement pas passé pour elle ?
Douleurs, pleurs, elle se noie dans l'alcool. Jean Ratcliffe « bricole » le livre pour pouvoir rembourser la somme. Il y ajoute une histoire de lobotomie pour rendre le drame encore plus « vendeur ». Opportuniste charlatanesque, il envenime encore le drame et ment pour de l'argent. La lobotomie, Frances elle-même l'a niée. Ce qui par ailleurs ne peut pas avoir été car, si elle avait subi cela en plus, elle n'aurait jamais retrouvé la capacité de s'exprimer normalement après. Or, elle est apparu sur des plateaux de télévision, il y eut malgré tout des personnes bienveillantes pour l'aider, et lui rendre hommage.
Elle est diagnostiquée d'un cancer, et décède en 1970.
Conclusion
A la fin des années 70', la scientologie, dont le bien connu porte-parole Tom Cruise, toute secte qu'elle est sans conteste possible, et malgré les incongruités nombreuses sur lesquelles elle s'appuie, il faut le dire pour être (enfin) honnête, a dénoncé ce qu'elle qualifie comme le charlatanisme de la psychiatrie. L'histoire et les origines de cette discipline semblent en témoigner. Et s'offusquer de ce propos, je l'affirme haut et fort, au vu et au su d'histoires comme celle de Frances Farmer et des tortures qu'elle a subies en psychiatrie, me semble une insulte et un crime contre notre Humanité.
Et, pour finir, je souhaite préciser que je refuse de propager les photos qui ont été faites d'elle pendant son internement. Ces photos ont été produites à dessein pour la salir. Je préfère transmettre d'elle une plus belle image. Celle de son interprétation de la version originale du titre d'Elvis Presley, à savoir « Love me tender », dans sa version originale, intitulée « Aura Lee » lors d'un tournage avant les internements, et une autre version après.
Paix à ton âme et que les Anges guérissent tes peines, Frances Farmer