Le 28/09/2023
...Ainsi, je n'irai pas, par exemple, chercher un livre dans une boulangerie.
Et si je le faisais, ou si par exemple j'allais demander à mon boucher son avis sur la dernière théorie quantique de l'unification des champs de la physique, je ne pourrais pas à ce titre revendiquer que la société n'est pas une source fiable d'informations parce qu'on peut y trouver tout et n'importe quoi... Non ? N'aurais-je pas alors créée moi-même la situation qui me procurerait cette réaction ? Mon désir de "sécuriser Internet" ( Oups... le monde réel, pardon...) dès lors ne serait-il pas un effet compensatoire de mon incapacité à m'orienter dans ce monde, ou une incapacité à m'y orienter de manière harmonieuse ?
Il est stupéfiant de constater à quel point, dans nombre de domaines et sur nombre de sujets, un si grand nombre de personnes ne sont pas en mesure de faire cette distinction, y compris sur les sujets les plus banals.
De la même manière, et en ce qui me concerne, lorsque je suis sur internet, c'est à dire dans le monde virtuel qui est à l'image, qui est le reflet, du monde réel, j'aime m'efforcer à mettre en cohérence mon comportement dans ces deux mondes, le réel et le virtuel. Sur la base de celui du monde réel, tant que faire se peut...
Mais je m'aperçois qu'il se passe un phénomène étrange qui fait qu'un grand nombre de gens n'est pas enclin naturellement à cela.
Exemple : imaginez-vous à une terrasse d'un café, attablé avec un groupe d'amis à discuter sur un sujet quelconque. Une table à proximité autour de laquelle un groupe de gens plutôt arrogants, mesquins et moqueurs se met à l'écoute de votre conversation et y réagit par des sous-entendus moqueurs et méchants.
Cela ne manque pas d'être désagréable pour une majorité d'entre nous. Si la situation perdure, peut-être que l'un ou l'une d'entre vous suggérera au groupe de finir sa consommation et d'aller continuer la conversation dans un endroit plus tranquille, et je ne crois pas spéculer de manière exagérée sur ce point..
Veuillez considérer maintenant cette analogie : sur un site internet, nous allons dans des espaces commentaires ou sur des espaces privés de mise en commun que l'on appelle "réseaux sociaux" ( dans le monde réel, au passage, on appelle ça un palier d'immeuble, un comptoir, etc...lol...) livrer nos diverses réactions et opinions en tant qu'observateurs sur tout et n'importe quoi. Est-il d'ailleurs utile de parler ici de l'amalgame consistant à ne pas tenir compte ou ne pas voir la distinction entre un espace public et un espace commun, qui lui est privé ? Mais je m'égare, peut-être.
Et bien veuillez considérer que cela est exactement la même chose que si, pour en revenir au réel et à cette terrasse de café, toutes les personnes des tables de la terrasse, mais aussi les passants s'arrêteraient, vous écouteraient et iraient chacun de leurs commentaires sur votre conversation.
Certains approbateurs, d'autres moqueurs, etc... Non seulement cela bien sûr ne se produit jamais car cela n'est pas réaliste, mais il me semble que personne ni ne l'apprécierait ni ne le supporterait !
Le comble de l'insensé ne serait-il pas que les législateurs se mettent à légiférer sur le fait que faire des commentaires violents à une conversation prise au hasard dans la rue serait dorénavant interdit !
Qui est sain d'esprit dans ce contexte ? « Etre adapté à une société malade n'est pas signe de bonne santé mentale » disait Krishnamurti...
Voilà donc que dans ce monde virtuel, qui est censé être l'image du monde réel, il se passe en nous des choses, des réactions et des comportements qui ne sont pas réalistes, oserai-je dire qui ne sont pas cohérents...
Il semble que le monde virtuel entraîne des réactions et des comportements qui expriment quelque chose de nous, quelque chose en nous aussi, qui d'une certaine manière ne fait pas partie de nous, du moins le vois-je ainsi.
Est-ce psychologique ? Quelle est la limite de la fidélité du reflet du monde réel que peut nous apporter le monde virtuel et celui d'internet ?
Et surtout, comment pouvons-nous apprendre à maîtriser et établir cette cohérence en nous ?
Je ne le sais pas, mais lorsque je me suis posé cette question, et qu'il s'est agi pour moi d'y répondre, j'ai décidé de travailler sur moi à œuvrer afin de mettre en moi cette cohérence entre mon attitude dans le réel, et celle dans le virtuel.
Voilà pourquoi il n'y a pas d'espace commentaires ni de liens aux réseaux sociaux sur ce site. J'ai conscience qu'un tel point de vue n'est pas commun, mais ces technologies sont si nouvelles dans l'Humanité, alors que nous savons que notre organisme évolue sur des millions d'années, qu'il me semble rationnel de réfléchir à la manière dont peut et doit s'adapter notre organisme, notre psychisme et nos perceptions sensorielles à ces flux d'informations et de perceptions si différents de ceux auxquels, en tant qu'êtres humains, nous sommes habituellement soumis et adaptés.
Ces flux et les nouvelles manières de les transmettre se montrent capables sur nos conscience bien faibles d'agir rétrospectivement et de transformer le réel d'une manière opposée à notre nature profonde.
Ce qui me permet de terminer mon propos en "bouclant la boucle" pour revenir sur la nécessité posée par Rudhyar de transformer notre personnalité et approfondir notre conscience en adoptant le chemin de l'individuation.