Créer un site internet

Pourquoi Rudhyar est autodidacte

Le 19/10/2023

Il est bien naturel et commun de considérer l'évolution naturelle dans le temps d'un bâtiment, d'un immeuble ou d'une maison, et de constater qu'avec le temps et l'usure des saisons, mais aussi celle de son utilisation par ses occupants, des réfections et des réparations seront à un moment ou à un autre nécessaires.
De même, si une fois les fondations posées et la structure mise en œuvre il ne sera plus possible de redéfinir de manière fondamentale cette structure, il pourra s'avérer à l'usage utile, voire nécessaire, d'apporter des modifications de détails plus ou moins importantes afin d'en améliorer la jouissance ...

... Ces règles et considérations basiques et comprises par l'ensemble d'une communauté dans ce qui est le plus visible, le plus proche de nous et le plus évident pour notre conscience et notre capacité d'analyse, peuvent cependant d'une part être applicable en parallèle sur d'autres plans, notamment sur les plans conceptuel, intellectuel et philosophique, mais d'autre part et en suite peuvent constituer l'objet d'un rapprochement avec ces autres plans qui par ailleurs échappera à notre raisonnement ; ce qui est malheureusement courant sur tous les plans et dans tous les secteurs qui touchent notre quotidien.

Il s'ensuivra alors que ces structures subjectives et mentales ne subiront pas les rénovations nécessaires à la continuité d'une utilisation harmonieuse et épanouissante, ou en tous cas telle qu'elle fut prévue à sa conception, pour le plus grand nombre ou pour celui qu'elles étaient censées servir à sa fondation.

C'est un fait que Rudhyar n'a suivi aucun programme de formation ni intégré aucune école en matière d'astrologie. Il s'est certes inspiré beaucoup de Marc Edmund Jones, mais le fait de s'inspirer de quelqu'un, ou de quelque chose, n'est pas suffisant pour être défini comme être "d' une école". Et ce n'est pas uniquement parce qu'il est le fondateur, le penseur initial. Cet argument serait simpliste et de courte vue.

Qui plus est, le processus qu'il met en avant à travers ce symbolisme et l'utilisation individuelle de ce symbolisme, en tant que revendiqué comme holistique, ne peut par définition être cantonné dans le cheminement d'une sorte de parcours formatif ou professionnel à validation théorique, qui par définition doit établir un programme et trancher dans les sujets en fonction des contraintes matérielles et humaines dudit parcours.

Ainsi il est possible de former des bouchers, des boulangers, des informaticiens ou n'importe quel professionnel, mais imagine-t-on par exemple des druides aller en « formation », valider des modules et passer des diplômes qualifiés par des professionnels expérimentés à l'issue de neuf, douze ou vingt-quatre mois de cours et de stages ? Soyons sérieux...
L'exemple de l'initiation druidique est intéressante car c'est l'illustration-type de la différence entre une formation et une initiation. Il fallait vingt ans pour être druide. Le temps, non pas seulement d'acquérir des savoirs divers, mais de les intégrer dans sa conscience et d'engendrer des processus de développement de celle-ci, ce qui est bien plus large et plus global. Sans parler des objectifs qui sont beaucoup plus large que produire un certain type d'agent social.
L'initiation est avant tout un processus de conscience, et en tant que tel ne peut qu'être un processus libre. L'autonomie de l'initié est ce qui fonde le rapport holistique et inclusif du lien subtil « initié-initiant ».
C'est là ce qui fonde la différence entre d'une part la formation, visant à faire acquérir à une personne un ensemble de savoirs et de techniques objectifs lui permettant de devenir matériellement productif sur le marché du travail ou dans l'accomplissement de quelque tâche objective que ce soit , et d'autre part l'initiation, processus subjectif individuel de développement à long termes permettant à l'individu concerné, en apportant à sa communauté vertus et valeurs morales supérieures, et ainsi de lui permettre l'espoir d'atteindre une capacité d'intégration spirituelle optimisée.

Dane Rudhyar n'a de cesse tout au long de son œuvre et de sa vie de nous impliquer dans ce deuxième type d'activités.
Il est par conséquent évident que nulle « formation », nulle école ne peut prendre la place de l'enseignement initial.
Pour la raison simple que, comme il l'explique, « nul ne peut interpréter pour ou à un niveau de conscience supérieur au sien propre. »
Par conséquent, quiconque prétend enseigner ou former qui n'a pas un niveau égal au maître ou au guide initial ne peut que transmettre quelque chose de tronqué et/ou de dévoyé, puisque le contenu passera par le filtre de ce que cet enseignant aura lui-même réussi à comprendre et à intégrer de l’œuvre initiale.

Cela sera de fait forcément partiel. Il en résulte qu'au fil du temps, de transmission partielle en transmission partielle, le contenu devient … de plus en plus partiel.

Et de fiches personnelles «synthétisées», de morceaux choisis en cours « réadaptés» par chaque enseignant et chaque école pour et selon son propre niveau de compréhension, lorsque le retour au texte initial et fondateur ne se fait plus ou plus assez, par cet esprit « d'aller à l'essentiel », peut-être parce que « oui, mais on a pas le temps », ou bien « oui, mais faut bien faire un choix; faut être rentable, productif et efficace » ou, encore pire « oui, mais l'essentiel se suffit à lui-même », on est alors bien dans un processus dégénératif qui s'éloigne plus ou moins rapidement mais inéluctablement de son objet et de sa consistance initiale.

Nous sommes pourtant bien placés chez nous, ancêtres des nobles Gaulois, pour avoir conscience de l'importance du temps dans tous processus de maturation. Du temps et aussi du calme, de la tranquillité non contrainte et non contraignante par laquelle le processus créatif peut opérer à la transformation d'une cellule initiale.

Personne ne peut prétendre pouvoir valider pour autrui l'acquisition d'un contenu philosophique à vocation spirituelle présenté sous un angle exclusif et sélectif puisque contraint par diverses limites matérielles, de temps et de conscience inévitables dans le cadre totalement inadapté et, pouvons-nous le préciser, hors sujet, d'une formation.

C'est pourquoi, au sein de notre association du cercle amateur d'astrologie humaniste, nous prenons le partie d'avoir pour simple rôle de présenter au mieux l’œuvre, mais surtout de donner envie si possible à chacun d'aller lui-même puiser dans le contenu extrêmement dense et riche de l’œuvre initiale, et pourquoi pas de l'inciter à prendre le temps. Le temps de soi, le temps de l'émerveillement, le temps enfin que chaque élément de la Nature autour de nous nous incite à prendre pour entrer à nouveau en contact avec notre être supérieur, avec notre énergie positive et harmonieuse fondamentale qui nous permet de nous relier à l'Univers et à son essence fondamentale qu'est l'Amour Universel.

Voyons à présent par le texte, par un choix au demeurant non exhaustif, comment Rudhyar exprime la construction de sa pensée et, par induction, son esprit autodidacte. Mais aussi nous en conclurons ce qui sera, dans ce cadre, entendu par ce terme d'autodidacte.

Nous utiliserons l'ouvrage de l'auteur intitulé « Préparations spirituelles pour un nouvel âge », nonobstant bien sûr la possibilité de trouver d'autres arguments, ou d'autres aspects de ceux-là même, dans d'autres passages de ce même livre ou dans les autres. Passages qui d'ailleurs pourront être ajoutés au fil du temps dans cet article afin de compléter l'exposé au fur et à mesure des progrès personnels de celui qui l'écrit.

 

 

Dans le chapitre neuf, intitulé « une plus grande foi », Rudhyar va s'appuyer sur un développement du concept de loi pour étayer sa pensée. Il commence par débroussailler quelques confusions et amalgames courants autour des concepts de hiérarchie et d'autorité, et de règles et lois.

Il revient sur le fondement essentiel que l'autorité n'est pas une ascendance détenue par celui à qui la société permet d'être un supérieur dans la pyramide sociale, mais par celui qui est « l'auteur » de la chose sur quoi l'ascendance en question s'exerce.

Partant de là, il poursuit sur la considération que « tout ce qui est appelé Loi n'est pas loi ».

C'est-à-dire qu'il importe de cerner si ce que l'on appelle « loi » s'exerce depuis l'extérieur, ou bien si s'agit d'obéir à un ordre intérieur, inhérent à ce qui est régi.

Dans ce deuxième cas, il s'agit d'un pouvoir inhérent et non d'une autorité, par le fait que le sujet ne fait pas loi, n'a pas pouvoir de soumettre ce qui émane de lui.

L'exemple de l'auteur est utilisé : il ne dirige pas les personnages qu'il imagine car son rôle est celui d'un agent exécutant d'un fil qui se déroule par-delà sa conscience.
Il ne s'agit pas de considérer, comme bon nombre d'écrivains, que l'histoire se déroule seule par une sorte d'existence autonome, mais que l'égo de l'écrivain est l'exécutant d'une autre partie de lui-même, supérieures et supraconsciencte.

C'est un pouvoir créateur qui est l'auteur. Nous entrons alors dans le domaine des archétypes qui se manifestent par, et grâce à, l'égo individuel.

Tout ceci implique qu'il n'y a pas, et qu'il n'y a jamais eu, une autorité définie et/ou individualisée dans une entité quelconque qui donnerait ordre aux cellules d'être ensemble et de constituer un tissu, puis les tissus un organes, les organes un corps, etc... jusqu'aux galaxies et, au bout de la chaîne, à l'ensemble de l'Univers.

Cette idée que l'Univers serait régi par des lois est, selon Rudhyar, une projection du niveau de conscience, de développement psychologique collectif et des difficultés d'intégration de l'Humanité moderne qui en résultent.
L'établissement de lois est pour lui la conséquence d'une perte d'un sens naturel de sa place dans un système de relation destiné à projeter des formes.
Les égos, ainsi renforcés et perdant les limites de leur rôle positif, conduisent les individus obtus et orgueilleux ainsi créés à établir des règles et des normes imposées par des dominants organisateurs à un niveau strictement biologique et matériel.

Il s'agirait plutôt d'une compulsion, c'est-à-dire un « état d'être conduits ensemble » dirigé par un principe d'ordre organique. ( Pour un approfondissement des bases sur ce sujet, voir le sous-chapitre "le holisme", du livre Astrologie de la Personnalité tel que décrit dans le programme de nos activités )
Il s'ensuit ainsi que nos sciences modernes, quantique mis à part, résultant du matérialisme ancien malgré des tentatives plus ou moins crédibles d'intégrer un certain nombre de nouveaux principes scientifiques révolutionnaires en en détournant le sens d'une manière , faut-il bien l'avouer, sournoise, ne peuvent reconnaître, par exemple, le concept de principe intégrateur holistique, car c'est la remise en cause du principe hiérarchique pyramidale autoritariste qui organise, jusqu'aux couches les plus profondes, nos sociétés.

C'est-à-dire la remise en cause de la définition de ce qu'est une loi. C'est la remise en cause de ce qu'est un processus créatif et c'est aussi la remise en cause par extension de ce que devraient être les conditions de vie de l'Homme, et donc des natures et structures des sociétés humaines, afin de pouvoir développer ses conditions de vie, donc son présent et par voie de conséquence, son avenir.
Dès lors, tout ce qui amène à un résultat fiable ne doit plus être appelé "loi", nous dit Rudhyar.

Nous pouvons par ailleurs constater ici un fois de plus la cohérence avec la pensée de Carl Gustav JUNG, qui nous dit dans le livre "L'âme et la vie", chapitre -Du recueillement et de la prise de conscience, p236 :

"Nous sommes encore si peu éduqués qu'il nous faut des lois extérieures et un geôlier, voire un père, pour comprendre le bien et pratiquer le juste. Et parce que nous sommes encore des barbares, la confiance en les lois de la nature et de la destinée humaine nous semble naturalisme dangereux et immoral. Pourquoi ? (...) Pour être libre, il faut en premier lieu vaincre la barbarie. On y parvient en principe quand on sent et perçoit les causes et motivations de sa moralité comme les éléments de sa propre nature et non pas comme des bornes extérieures."
 

Certains scientifiques modernes ont pourtant exploité cette voie, comme Henri Laborit, quand il nous parle des « niveaux d'organisation du vivant ». C'est là un autre pas dans cette direction. Il y souligne d'ailleurs et avec regrets la rupture de cette chaîne d'organisation au niveau de l'individu humain, ce que je mettrai, par intuition, tout à fait en rapport et en adéquation avec les raisons que Rudhyar nous propose d'un échec spirituel de l'Humanité, datant de la période du 6ème siècle Av J.C à notre ère, à s'organiser collectivement et en masses à un niveau de fraternité spirituelle. Nous vivons selon lui, dans le cadre de certains cycle longs, toujours les conséquences psychologiques globales de cet échec.

Mais comme le rapprochement de Laborit avec les principes fondateurs du holisme n'est pas clairement exprimé dans son oeuvre, il est bien commode, dans la mesure ou l'autorité hiérarchique permet au « sachant » de ne pas avoir à se justifier devant des néophytes censés être ainsi des subalternes, de se contenter d'user de cette influence implicitement menaçante pour éviter le sujet en se contentant de dire que cela n'a rien à voir. C'est bien pauvre ...
Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, ni plus sourd que celui qui ne veut pas entendre, ne dit-on pas …

Mais revenons au déroulement de l'idée. Rudhyar suit ce fil en nous posant ensuite l'exemple du concept bouddhiste et hindou de « dharma ».
Définit par beaucoup comme « Loi », son sens premier est pourtant « nature fondamentale », ce qui permet d'appuyer la distinction nécessaire entre la projection d'une forme par une structure de relations dépendantes entre elles mais non soumises, c'est-à-dire qui obéissent à une nature fondamentale pour être en harmonie avec soi-même et l'Univers, ce qui est alors considéré identique, et l'établissement de règles par des organisateurs perçus comme extérieurs à soi-même, c'est-à-dire dont les intérêts ne sont pas liés aux intérêts communs auxquels chacun s'identifie par une nature commune, mais par des intérêts particuliers guidés par des égos jaloux de leurs prérogatives.

L'individu ainsi guidé est alors en mesure d'être dans un état ou il est en permanence guidé par « l'action juste », juste au sens ou elle extériorise la solution adéquate au besoin de toute situation concevable.

Ainsi, et pour finir, nous constatons qu'il n'est pas dans l'esprit d'un homme comme Dane Rudhyar d'avoir des considérations pour les nécessités d'une validation quelconque, par une structure quelconque, et qui représente quelque forme que ce soit d'autorité, ou plutôt de soit-disant autorité qui en réalité saborde les fondements même de ce qu'ils ont jurés de défendre et prétendent représenter.

Si vous venez de la page "Dane Rudhyar", alors revenez-y ICI

×