Rudhyar et la visualisation : un exercice profitable à tous

Le 19/12/2023

Il est d'un premier abord bien difficile de suivre Dane Rudhyar sur le chemin qu'il nous ouvre, ce pour plusieurs raisons.
La plus prégnante, je dirais même la plus violente en un sens est l'élaboration extrêmement poussée de son expression écrite...

 

 

 

...De très longues phrases dont le début et la fin sont entrecoupées de longs compléments, si bien que l'on peut naturellement avoir le sentiment d'une certaine gêne par rapport à notre propre niveau qui ne nous permettrait pas, à priori, de plonger dans la trame et le canevas des idées et concepts qu'il nous propose.

En réalité, quoique cela paraisse, ce n'est pas le frein principal et essentiel.

Considérons que nous sommes en présence ici, avec cet homme mais avec d'autres de la même époque et, dirais-je familièrement, du même acabit, selon une de ses propres expressions bien qu'il ait l'humilité de ne pas se l'appliquer pour lui-même, ce qui ne lui en enlève pas la qualité, nous sommes ici en présence disais-je d'un « homme-semence ».

Au sens ou il s'agit, de manière en fait bien plus large que le sujet seul de l'astrologie, de poser les bases d'une manière de concevoir l'existence que l'Etre Humain doit, ou va devoir, acquérir à l'approche d'une nouvelle phase de son existence en tant qu'Humanité.

Je rappelle que cet homme, comme bien d'autres penseurs, philosophes, scientifiques, guides spirituels hommes et femmes, et autres de cette époque, sont nés autours d'un point de départ d'un cycle d'environ cinq cent ans, celui de la conjonction de Pluton et Neptune de 1891-1892.

Ce cycle est par ailleurs un maillon d'un autre cycle à un niveau supérieur, celui des « cycles de cycles » de ce que l'on nomme le Triptyque, l'ensemble des planètes trans-saturniennes. Une phase majeure de ce long "cycle de cycles" qui gouverne le développement de l'ensemble actuel des civilisations de notre planète commence à une époque significative, celle de Gautama le Bouddha, de Lao-Tseu et Confucius, à savoir le sixième siècle avant notre ère.
Alors, ce point de départ fut constitué de la triple conjonction des planètes du Triptyque dans le signe du Taureau, que nous quittons progressivement, par la subjectivité du processus évolutif attaché à tout second hémicycle d'un processus de développement cyclique, et comme en témoigne cette division du monde à tous les niveaux d'organisation du vivant, pour aller progressivement vers une autre phase gouvernée par le signe des Gémeaux. Le mi-point en fut atteint au 14ème siècle, à partir du cinquième sous-cycle de conjonctions Pluton-Neptune, correspondant à la structuration de nos sociétés modernes, comprenant par exemple la naissances du capitalisme, les premiers pas vers la constitution moderne des Nations,  la Renaissance, etc... Cette dernière considération nous permet d'interpréter le sens de notre phase de cinq cent ans dans l'intégration et le développement de ces longs cycles... Sens qu'il n'est cependant pas le sujet de détailler ici, mais qui conditionne l'apparition de certains types de personnalités éminentes émergeant pour la cristallisation de certains types de réalisation.

Cette phase de cinq cent ans que nous vivons atteint son apogée au siècle prochain, les chocs que nous sommes en train de vivre sont la tumultueuse phase d'organisation. Ceci avec les chamboulements, les peurs et les émotions de toutes natures qui sont naturellement rattachées à ces bouleversements collectifs majeurs.

Mais, pour refermer ce rappel et cette parenthèse, et revenir à mon sujet, cette nouvelle manière de concevoir l'existence à laquelle nous convie Rudhyar est le frein réel qui empêche beaucoup de personnes de franchir les limites de monde de l'auteur... et c'est pour cela que c'en est aussi et précisément le but !

Lorsqu'on s'est accoutumé à cette nouvelle lumière, il apparaît clairement que le « phrasé » de l'auteur, pour aussi élaboré qu'il est, en a justement la qualité de présenter une pensée organisée, claire et structurée au plus haut point. Voilà donc la raison pour laquelle cet obstacle ne doit pas nous décourager de lire Rudhyar, car si l'on persiste même en étant plus ou moins « largué », on finit par « accrocher » à un moment ou à un autre car pendant ce temps, il se passe tout de même des choses en nous.

 

Il s'ensuit, pour franchir le pas ultime menant vers l'objectif de cet article, que cette nouvelle pensée est, dès le départ, acquise pour l'auteur car il s'agit d'un niveau de conscience acquis qu'il objective tout au long du développement de son propre parcours de vie.

Ce faisant, cet homme fait ainsi partie de ceux qui possèdent intrinsèquement une capacité de visualisation très haute. Tellement haute que se faisant si naturellement, il n'aborde pas ce sujet tout au long de son œuvre.
Cependant, cette capacité que la majorité d'entre nous ne possède pas initialement est nécessaire afin de le suivre dans ce parcours proposé de « Transformation de la Personnalité » et d'individuation, car elle est une part importante de la capacité d'intégration de notre personnalité.

Il m'a donc semblé, personnellement, à la découverte de cet auteur et de son œuvre il y a environ une dizaine d'années, qu'un travail personnel sur ma propre capacité de visualisation était nécessaire afin de dépasser un certain seuil de compréhension. De la même manière qu'en musique, il est indéniable qu'apprendre et acquérir « au point que l'on puisse l'oublier », comme on le dit des gammes, une base solide de connaissances fondamentales et de techniques permet d'atteindre un niveau supérieur à celui ou celle qui ne les possède pas, quel que soit son niveau d'expérience, en donnant sens et qualités bien plus approfondis à l'acte.
L'expérience sans de telles bases peut être parfois juste, mais bien souvent se révèle une répétition non remise en cause d'erreurs, de détours lénifiants ou de certitudes obtuses qui seront transmises comme des traditions intangibles et souffriront de n'être corrigées, pouvant devenir ainsi des bases instables, erronnées ou idéologiques pour des esprits débutants.
 

Les fondements présentés dans son œuvre, et leur acquisition ne peuvent, à mon sens, être disjoints du développement de cette capacité de visualisation.

Construit-on un bâtiment quel qu'il soit sans établir au préalable des plans ? Bâtit-on des murs solides et stables sans fondations ? Et comment dessiner ces plans sans les concevoir préalablement dans son esprit ?
Certains êtres élaborés, dont figure Dane Rudhyar, ont établis des plans afin de nous permettre de parcourir le chemin qui doit nous conduire harmonieusement vers cette nouvelle ère, il appartient librement à chacun de se donner lui-même les moyens s'il décide de s'inscrire dans cette voie.

C'est ce que notre association propose modestement de contribuer à permettre par le support d'un cadre collectif non contraignant et agréable, qui nous semble être en adéquation avec l'esprit initial du CIAH.